27 février 2025 Actualités et Marché du Recrutement, Marché de l'emploi, Recrutement, tendances 2025
Comment le contexte national crée de fausses croyances sur le recrutement ?

Le marché du travail reflète un contexte national en perpétuelle évolution : politiques publiques, climat économique, innovations technologiques et discours médiatique influencent la perception des entreprises et des candidats. L’année 2024 a mis en lumière le fossé entre des entreprises parfois rigides et des attentes de candidats en quête de sens et de flexibilité. Pour 2025, l’enjeu sera de repenser les processus et offres dans une logique d’humilité et d’adaptabilité afin d’attirer des talents très sollicités tout en respectant les contraintes budgétaires. Pourtant, plusieurs idées reçues continuent d’alimenter des croyances erronées sur le recrutement. Examinons ces mythes à la lumière des tendances actuelles.
1. « Il n’y a plus de talents sur le marché »
Si la pénurie de compétences dans certains secteurs alimente l’idée que les talents se font rares, force est de constater que le volume d’embauches se rapproche des niveaux d’avant la crise sanitaire. Ce décalage s’explique souvent par un manque d’adéquation entre des formations parfois obsolètes et les compétences réellement demandées.
Facteurs alimentant cette croyance :
- Des critères de recrutement excessivement stricts
- Une surenchère salariale dans les secteurs en tension
- Un désalignement entre les formations proposées et les besoins des entreprises
Pour dépasser ce mythe :
- Investir dans la formation continue et le développement des compétences
- Valoriser le potentiel et l’adaptabilité lors des recrutements
- Explorer de nouveaux viviers de talents (Lire notre article sur le recrutement des seniors, reconversion, diversité des parcours)
Tendance 2025 :
Les secteurs du numérique, de l’intelligence artificielle, de la cybersécurité, de l’ingénierie, de la transition écologique, des énergies renouvelables, de l’urbanisme et de la santé comptent parmi ceux qui recrutent le plus et séduisent de nombreux jeunes après le baccalauréat. Par ailleurs, la féminisation des métiers du bâtiment et de l’artisanat progresse de manière significative.
2. « Les jeunes ne veulent plus travailler »
Le cliché d’une génération déconnectée de l’effort professionnel est régulièrement avancé, alors que la réalité est bien différente. Les jeunes recherchent avant tout un emploi porteur de sens, flexible et aligné avec leurs valeurs.
Éléments favorisant cette idée reçue :
- Une mise en avant excessive des clivages générationnels dans les médias
- Des aspirations nouvelles en matière de télétravail, d’équilibre vie professionnelle/vie personnelle et de reconnaissance des valeurs
- Le rejet des modèles hiérarchiques traditionnels jugés inadaptés
Pour dépasser ce mythe :
- Mettre en avant l’impact social et environnemental de l’entreprise
- Instaurer des conditions de travail flexibles et attractives (télétravail, autonomie, bien-être)
- Favoriser le dialogue intergénérationnel et repenser les modes de management
Tendance 2025 :
Le télétravail, désormais un critère incontournable affiché sur les CV, reste très apprécié. En 2024, 75 % des entreprises n’ont pas modifié leur politique, et 56 % envisagent de la maintenir en 2025, garantissant ainsi flexibilité et attractivité.
3. « La crise économique bloque les embauches »
L’incertitude économique n’arrête pas le recrutement, mais le rend plus sélectif. Actuellement, les signaux d’alerte se multiplient : le taux de chômage pourrait atteindre 8,5 % de la population active en fin d’année, avec environ 100 000 destructions d’emplois prévues pour 2025. Ce retournement survient après une phase d’embellie sous le premier cycle gouvernemental d’Emmanuel Macron, suivie d’un ralentissement marqué par des fermetures d’usines (Fonderie de Bretagne, Vancorex, etc.).
Facteurs renforçant cette perception :
- Un climat de méfiance quant à l’avenir économique
- Une approche à court terme centrée sur la réduction des coûts
- L’exacerbation des craintes par le discours médiatique
Pour dépasser ce mythe :
- Adopter une stratégie sélective en ciblant des postes stratégiques et opérationnels
- Constituer un vivier de talents pour anticiper la reprise
- Être accompagné pour répondre avec agilité aux besoins
Tendance 2025 :
Même en période de turbulence, certains secteurs dynamiques continuent de recruter. Par exemple, le pourcentage le plus élevé d’offres d’emploi pourrait concerner des postes de technicien ou d’agent de maintenance industrielle, indispensables pour assurer la pérennité et la modernisation des infrastructures.
Les secteurs qui recrutent
- Technologie et numérique : La cybersécurité, l’intelligence artificielle et la gestion des données restent des priorités.
- Santé : Les innovations en biotechnologies et en télémédecine stimulent le recrutement.
- Finance : On observe une hausse notable des offres pour des analystes, des spécialistes en gestion de trésorerie, ainsi que pour des experts en fusions-acquisitions et en contrôle de gestion.
- Maintenance industrielle : Les postes de techniciens et d’agents de maintenance pourraient représenter la part la plus importante des offres d’emploi.
- Ressources humaines : Les postes de responsable paie et de directeur RH progressent également.
Zoom sur la géopolitique et l’industrie de la Défense
Les tensions géopolitiques en Europe, exacerbées par la guerre en Ukraine et le risque d’un élargissement du conflit, représentent une menace inédite pour la sécurité et la prospérité. Pour y répondre, le gouvernement français a augmenté le budget de la défense – désormais le deuxième poste de dépenses publiques avec 50,5 Mds€ après l’éducation – afin de structurer un écosystème industriel autour de la Base Industrielle et Technologique de Défense (BITD). Cette stratégie génère des opportunités d’emplois qualifiés dans un secteur où la France détient des avantages comparatifs.
4. « L’IA va me remplacer »
L’essor de l’intelligence artificielle générative suscite des inquiétudes quant à la disparition de certains emplois. Dans le domaine du recrutement, l’IA accélère le sourcing, améliore la rédaction des offres et facilite la création de CV personnalisés. Pourtant, elle ne constitue pas une menace pour les recruteurs, mais un outil complémentaire qui libère du temps pour des missions à plus forte valeur ajoutée.
Facteurs nourrissant cette crainte :
- Des discours alarmistes sur l’automatisation
- Une méconnaissance des applications concrètes de l’IA au sein de l’entreprise
- L’idée erronée que l’IA pourrait supplanter l’analyse humaine
Pour dépasser ce mythe :
- Se former aux nouvelles technologies et comprendre leurs usages
- Développer des compétences complémentaires telles que la créativité, le relationnel et l’esprit critique
- Utiliser l’IA comme levier d’efficacité tout en conservant le jugement humain
Tendance 2025 :
Les recruteurs intègrent l’IA pour optimiser leurs processus, tout en restant vigilants quant aux CV générés artificiellement. Cet outil permet de mieux cibler les profils, notamment dans des domaines stratégiques.